FILLE OU GARÇON ? LA NAISSANCE À TRAVERS LES ÉTUDES DE GENRE
Dans notre société occidentale, un bébé n'est pas seulement un nouvel être humain arrivant sur terre, il est une fille ou un garçon. Des sociologues ont essayé de comprendre ce phénomène : De quelles façons la naissance est préparée en fonction de notre sexe ? Focus sur un article scientifique.
L'arrivée d'un enfant est vue comme une grande étape de la vie dans l'imaginaire collectif. Il y a l'annonce, la grossesse, l'achat de tous les habits, la préparation de la chambre et enfin, la naissance. Naître en France, comme dans d'autres sociétés majoritairement occidentales, c'est d'abord avoir un sexe : fille ou garçon. Récemment, la célèbre chanteuse Rihanna a annoncé sa grossesse au monde entier. Les magazines people et les fans se sont empressés de vouloir savoir le sexe de l'enfant. Ce phénomène montre l'importance que la société accorde au classement sexué du futur enfant.
Une enquête de l'Institut nationale d'études démographique datant de 2017 montre que, sur un échantillon d'environs 18000 parents, 85% d'entre eux veulent connaître le sexe de l’enfant lors des échographies. Selon, Olivia Samuel, auteure de l'enquête, la raison avancée par les parents est " la volonté de pouvoir, ainsi, mieux préparer la naissance, choisir les vêtements, le prénom etc...". Cette tendance a été analysée par un groupe de chercheuses en sociologie, dont fait partie Olivia Samuel, dans un texte intiulé : Préparer la naissance une affaire de genre, écrit par Catherine Rollet, Agnès Pélage, Anne Paillet, Carole Brugeilles, Sara Brachet et enfin Olivia Samuel.
Les chercheuses examinent la préparation de la naissance en interrogeant des futurs parents. Elles se rendent compte que l'organisation de la naissance se fait dans son ensemble, en fonction du sexe de l'enfant et ce, même si celui-ci reste inconnu lors de la grossesse. Dans la plupart des cas, ce sont les mères qui s'occupent de préparer l'arrivée de l'enfant. Au début, elles essayent de choisir des vêtements neutres mais cette tendance baisse avec la montée en âge du bébé.
"Connaître le sexe du bébé à naître pour « matérialiser » sa venue déclenche notamment la constitution d’une garde-robe de fille ou de garçon et la préparation d’une chambre pour une fille ou pour un garçon." (p10)
Pas question pour les mères de mettre un pantalon rose à un petit garçon, notamment à cause de la sanction sociale que ce geste pourrait entraîner. Le petit garçon est encore plus soumis aux normes de genre. Le féminin ne va pas au masculin alors que l'inverse est possible. Ce texte, simple de lecture, permet de comprendre que les parents inscrivent l'enfant, même avant sa naissance, dans des rapports sociaux de genre. Nous grandissons alors dans un monde binaire entre masculin et féminin où la différence est souvent mal vue.
Texte en question :
https://www.persee.fr/doc/caf_2101-8081_2014_num_116_1_2978
Pour aller plus loin :
https://www.liberation.fr/debats/2020/08/07/anne-paillet-et-olivia-samuel-avant-meme-d-etre-au-monde-on-est-categorise-comme-etant-une-fille-ou-_1796292/ (interview des chercheuses)
https://www.youtube.com/watch?v=01-6UR8SkL0 (témoignage de Juliet Drouar, assigné.e fille à la naissance, rejetant d'être classé.e en fonction du sexe)